Chris Costner Sizemore, patient derrière "Les trois visages d'Eve", décède à 89 ans (Publié en 2016) (2024)

Au début du film de 1957"Les trois visages d'Ève"le journaliste d'origine britannique Alistair Cooke, qui raconte le film, apparaît devant la caméra pour dire aux téléspectateurs que l'histoire incroyable qu'ils sont sur le point de voir est une histoire vraie - non suggérée ou basée sur quelque chose qui s'est passé, mais un fac-similé d'événements réels.

Adapté d'un livre de deux psychiatres, Corbett H. Thigpen et Hervey M. Cleckley, le film mettait en vedette Joanne Woodward, qui a remporté un Oscar pour avoir incarné une femme au foyer sans prétention qui souffre de ce qu'on appelle maintenant un trouble dissociatif de l'identité, la maladie psychologique qui se manifeste lui-même dans l'affichage de multiples personnalités.

À la fin du livre et du film, le personnage principal, dont les trois personnalités distinctes étaient connues sous le nom d'Eve White, Eve Black et Jane, a été guéri; les personnalités d'Eve s'étaient dissoutes. Elle vivait comme Jane, heureusem*nt mariée et réunie avec une jeune fille d'un précédent mariage qui avait été irrémédiablement déchirée par sa maladie.

Malgré les assurances de M. Cooke, cependant, lela fin heureuse était prématurée. Le patient dont le livre et le film sont censés raconter l'histoire, Chris Costner Sizemore, a en fait vécu une période beaucoup plus sombre. Son nouveau mariage s'est avéré n'être pas du tout une fin; elle a enduré une identité fragmentée jusqu'au milieu des années 1970, voyant plusieurs psychiatres après Thigpen et Cleckley, jusqu'à ce que, sous la garde d'un médecin de Virginie, Tony Tsitos, ses personnalités – pas trois mais plus de 20, il s'est avéré – soient unifiées.

"Vous ne savez pas à quel point il est merveilleux d'aller se coucher le soir et de savoir que ce sera vous qui vous réveillerez le lendemain", a déclaré Mme Sizemore dans une interview au New York Post en 1975.

Selon la plupart des témoignages, au cours des quatre dernières décennies environ, Mme Sizemore a vécu une vie productive et relativement sereine en tant que défenseure de la santé mentale et peintre. Elle est décédée le 24 juillet à Ocala, en Floride. Elle avait 89 ans. Son fils, Bobby Sizemore, a déclaré qu'elle avait eu une crise cardiaque.

Mme Sizemore est née Christine Costner le 4 avril 1927 à Edgefield, S.C., près de la frontière géorgienne. Son père était le docteur Acie Costner, un agriculteur qui travailla plus tard dans une scierie; sa mère, l'ancienne Zuline Hastings.

Les psychiatres croient que la dissociation est un mécanisme de défense : une réaction à un traumatisme grave de l'enfance ou à un abus physique, émotionnel ou sexuel prolongé. Dans le cas de Mme Sizemore, la fragmentation de son esprit a commencé alors qu'elle n'avait que 2 ans, après avoir été témoin d'une série d'incidents horribles, notamment sa mère blessée dans un accident de cuisine, les funérailles d'un bébé, le traînage de un cadavre d'un fossé et un homme "coupé en deux par une scie dans une scierie", a-t-elle déclaré au Post.

En vieillissant, elle serait punie pour des actes de désobéissance ou de cruauté qu'elle ne se souvenait pas avoir commis, a-t-elle déclaré. Elle serait déconcertée par un test à l'école auquel une personnalité différente s'était préparée. Elle n'a jamais terminé le lycée. Selon ses mémoires de 1977, "I'm Eve", écrit avec un parent, Elen Sain Pittillo, elle a été encore plus marquée par une première romance avec un homme sadique, qui l'a battue.

Un mal de tête sévère annoncerait l'émergence d'une personnalité différente. Elle a commencé à voir le Dr Thigpen à Augusta, en Géorgie, après son premier mariage, lorsqu'elle a commencé à alterner entre la sage et déprimée Eve White et la fêtarde indulgente Eve Black, laissant perplexe son mari avec son comportement bizarrement changeant. Dans un épisode décrit dans le film, elle a enroulé le cordon d'un store vénitien autour du cou de sa jeune fille, Taffy, lorsque l'enfant n'arrêtait pas de pleurer.

La personnalité de Jane, une jeune femme agréable et sensible, s'est manifestée au cours de sa thérapie. Son mariage a pris fin. La seconde, à Don Sizemore, un électricien, a commencé.

Les deux Eves et Jane se sont révélées évanescentes, mais à mesure que ces personnalités s'estompaient, d'autres sont apparues, généralement par groupes de trois. Au fur et à mesure que les médecins en apprenaient davantage sur la dissociation, la présomption que sa principale manifestation était de multiples personnalités aux traits très différents a cédé la place à la compréhension que les divisions dans l'identité d'une personne pouvaient être beaucoup plus subtiles.

Dans l'interview du Post, Mme Sizemore a déclaré que ses personnalités s'habillaient différemment, parlaient différemment, mangeaient différemment.

"Une fois, j'ai pesé 175 livres parce que je nourrissais trois personnes différentes dans le même corps avec des repas différents", a-t-elle déclaré.

Le Dr Tsitos a commencé à la soigner en 1970 et, en 1974, elle ne se dissociait plus.

Les tentatives pour joindre le Dr Tsitos ont été infructueuses, mais un autre psychiatre, Richard Kluft, qui le connaissait ainsi que Mme Sizemore pendant son traitement, a déclaré lors d'un entretien téléphonique que sa thérapie précédente "avait été partout et elle se sentait trahi."

Le Dr Tsitos, a-t-il dit, "était un clinicien très avisé qui pouvait voir qu'il se passait plus que l'image typique de différentes personnalités, qu'elles n'étaient pas toutes apparentes et que les différences étaient parfois très subtiles".

«Chris Sizemore était une femme», a déclaré le Dr Kluft, «vraiment un bel être humain. Elle a fait beaucoup de bien. Je lève mon chapeau à Tony.

Don Sizemore est décédé en 1992. En plus de son fils, conseiller d'orientation au lycée, Mme Sizemore laisse dans le deuil deux sœurs, Louise Edwards, connue sous le nom de Tiny, et Becky Walton; sa fille, Taffy Fecteau; deux petit*-enfants et trois arrière-petit*-enfants.

Mme Sizemore a écrit une suite à ses mémoires, "A Mind of My Own" (1989), dans laquelle elle a raconté l'intégration de ses personnalités et sa vie par la suite. Plus tard, elle a été une conférencière fréquente au nom des personnes atteintes de maladie mentale et une peintre figurative accomplie.

L'actrice Sissy Spacek a tenté d'acheter les droits du film "A Mind of My Own", mais 20th Century Fox, le studio qui a produit "The Three Faces of Eve", s'est opposé, affirmant qu'il détenait les droits sur l'histoire de sa vie. à perpétuité. Mme Sizemore avait gagné 7 000 $ grâce au film précédent; un règlement a été conclu avec Fox et le deuxième film n'a jamais été réalisé.

Le récit ensoleillé du deuxième acte triomphant de Mme Sizemore a été remis en question en 2012, lorsque Colin A. Ross, un psychiatre spécialisé dans la dissociation, a publié un livre, "The Rape of Eve", dans lequel il accusait le Dr Thigpen d'avoir a exercé une influence contraire à l'éthique, semblable à celle de Svengali, sur Mme Sizemore et l'a manipulée à des fins néfastes pendant et après la fin de son traitement. Le Dr Thigpen est décédé en 1999.

"À différents moments, il a été son psychothérapeute, publiciste, agent littéraire, agent de cinéma, éditeur de livres, négociateur de contrats et conseiller juridique", a écrit le Dr Ross. «Il a assisté aux funérailles de son mari sans y être invité, a été le parrain de son fils et s'est livré à une inconduite sexuelle avec elle. Il s'est arrangé pour qu'elle se fasse avorter et pendant la procédure, elle a été stérilisée sans son consentement ni celui de son mari.

Le Dr Ross et Mme Sizemore avaient travaillé ensemble sur un film documentaire sur la dissociation. Dans une interview téléphonique, il a déclaré qu'elle avait collaboré au livre, qui la décrivait comme étant toujours sous le contrôle du Dr Thigpen à certains égards jusqu'à sa mort.

"Je veux donner au Dr Thigpen et au Dr Cleckley leur dû, car ils ont été les premiers à diagnostiquer maman", a déclaré Bobby Sizemore en réponse à une question sur les affirmations du Dr Ross. M. Sizemore était au courant du livre du Dr Ross mais ne l'avait pas lu, a-t-il dit, ajoutant que, oui, sa mère y avait participé.

"Il y a une part de vérité là-dedans", a-t-il dit.